
Il peut plier mais il ne va pas rompre.
C’est ce qu’a donné à voir l’autorité en Charge de la culture, le Ministre Jean-Michel Abimbola, à propos du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) qui passait de mauvaises heures. C’est aux mains de l’acteur et promoteur culturel Ousmane Alédji qu’est laissé « le plus grand festival de théâtre d’Afrique à se consacrer essentiellement au théâtre », pour sauver les meubles. La mission est lourde mais l’homme en a le gabarit.
Le Ministre en charge de la culture, Jean-Michel Abimbola, par l’arrêté N 0072 / MCAAT / DC / SGM / CTJ / CTC / DRFM / DRH / SA du 24 février 2014 portant nomination du Directeur par intérim du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB), a pris ces responsabilités de veiller à l’organisation de l’édition 2014 dudit festival, pour sauver ce dernier en passe de flancher. Ousmane Alédji appelé au secours. Ainsi depuis le 25 février, date de sa prise de fonction, le Directeur par intérim du Fitheb, a la mission d’essuyer le festival de son déshonneur et de lui faire retrouver ses lettres de noblesse par la tenue de l’édition 2014. Et l’homme se montre à la hauteur des attentes. Pour preuve, au mois de septembre, soit à trois mois de l’événement, tout est fin prêt, notamment sur le plan de la programmation. « Nous venons de finir et de rendre publique, ce mois de septembre, la programmation définitive du Fitheb 2014, après avoir publié depuis juillet, les spectacles présélectionnés ». Voilà qui augure d’un Fitheb rayonnant, au plaisir des amoureux de la scène. Le ministre ne se sera pas trompé. Le Directeur intérimaire est à la taille de la mission puisque l’homme même a la taille.
Un homme à la hauteur des enjeux
Les 197 centimètres (1,97) qui justifient la taille réelle de Ousmane Alédji ne sont que l’aspect physique de sa grandeur. L’homme traine un parcours artistique de la trempe de ceux pour qui l’art, et jusque dans ses dimensions administratives, n’a plus de secret. Lorsqu’ « enfant, il aimait déjà profiter de la bibliothèque de son père et montrait une sensibilité à l’art », son entourage immédiat pouvait se douter qu’il s’accomplirait dans le domaine de la création. Et il n’a pas fallu deux décennies pour voir se réaliser ce qui s’annonçait inévitable. Dramaturge, Directeur de la compagnie de théâtre Agbo-N’koko (qu’il a créée en 1993), metteur en scène, Ousmane Alédji, avec ses comédiens, a impressionné des spectateurs du monde entier, sur les scènes des plus réputées, à des rendez-vous des plus prestigieux en matière de théâtre. L’évocation aujourd’hui encore de « Cadavre mon bel amant »,
Linkpon, « Amour et sang » et surtout de Imonlè, entre autres, redonne certainement de l’émotion aux nostalgiques. Si à ce jour, l’ancien expert pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission Internationale de Théâtre Francophone, n’est plus aussi régulier sur le terrain de la mise en scène, ce n’est pas qu’il s’enorgueillit de la trentaine de spectacles montés à son actif mais parce qu’il se donne aussi et surtout à la formation, à la promotion d’acteurs et à la gestion d’entreprise culturelle. « Nous avons eu la chance de côtoyer et de traiter avec les plus grandes industries au monde sur le plan culturel. Il nous est apparu à un moment donné comme un devoir, une obligation de nous y mettre à fond dans notre pays, pour aller dans la droite ligne de la présence et visibilité de ce qui se fait chez nous sur le marché international. », confie le promoteur du centre culturel polyvalent Artisttik africa de l’ Association culturelle Artisttik-Bénin. Mais, Ousmane Alédji n’a pas dit son dernier mot, en matière de création, surtout en dramaturgie. Il vient de publier Omon-mi, un texte écrit, monté et joué en 2005 mais retravaillé et co-édité chez Plumes Soleil et Atisttik éditions. Le Directeur par intérim du Fitheb n’entend pas se débarrasser de son manteau d’écrivain. « J’ai, chez des éditeurs et dans mes tiroirs, des textes de divers genres littéraires, dont l’Essai et le théâtre, à paraître », précisera-t-il. Et ce n’est sans doute pas sa présence dans le secteur des arts plastiques qui prendrait un coup. Parce que, oui, très présent également aux côtés des plasticiens en tant que grand collectionneur de leurs œuvres, il est le Directeur exécutif de l’Association Regard Bénin et Directeur exécutif adjoint de la Biennale qui en découle. Il faut bien de la détermination pour tenir plusieurs paris.
Passion et conviction…le Fitheb a gagné
Point besoin de lire les textes et spectacles « Traumatisme », « Contradictions », etc., pour se rendre compte de l’engagement de Ousmane Alédji. Convaincu, engagé et fière, voici les caractères épithètes de l’artiste-Directeur (certainement dignes du Prince Yoruba qu’il est) qui peuvent être considérés comme défauts, sous d’autres cieux, mais, ici, favorisent le Festival international de théâtre du Bénin. Pour le Directeur par intérim, le Fitheb est une fierté et tous les Béninois doivent en prendre conscience. « C’est le plus grand festival de théâtre d’Afrique à se consacrer essentiellement au théâtre et qui bénéficie d’une importante implication du gouvernement. Pour moi, c’est un label et nous allons œuvrer à ce que l’édition 2014 le reflète. ». Les moyens et stratégies pour arriver à cette fin ne manqueront pas et ce n’est pas le diplôme d’administrateur d’entreprise culturelle Option Théâtre à Paris 8 dont l’homme est titulaire qui peut le faire croire mais son expérience liée à sa longue pratique dans le domaine de l’organisation d’événement d’envergure internationale, ajoutée à sa détermination. « Tout se met en œuvre pour que cette édition soit une réussite. Là, nous nous apprêtons à véritablement amorcer la phase de médiation qui consiste à informer et préparer le public à suivre et recevoir les spectacles. Cette étape est importante car, sans public, il n’y a pas spectacle ; quand le public ne perçoit rien aux spectacles, ce n’est pas intéressant non plus. Et nous comptons y mettre un point d’honneur pour la réussite de l’événement. ». C’est le Bénin qui serait honoré.
Par Eric AZANNEY
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