
Aujourd’hui comme hier, le henné a une omniprésence dans la vie socioculturelle et religieuse au Niger. Surtout prisé par les femmes, qu’elles soient jeunes ou âgées, l’utilisation de ce produit est justifiée par une multitude d’arguments. Enquête.
Banifandou, Niamey. Dans une ambiance gaie, avec des taquineries et parfois des chansons, plusieurs jeunes femmes entourent Fatoumata, la trentaine entamée, considérée comme une esthéticienne. Ces femmes attendent leur tour de se faire tatouer au henné.
Les femmes mariées elles, se font appliquer le tatouage du henné selon le modèle de leur désir sur les mains et les pieds pour le simple plaisir de leurs maris. « Mon mari adore bien le henné, et depuis que je l’ai constaté, je le fais régulièrement, car il me permet de maintenir un pouvoir de séduction sur lui. Et cela me permet d’être à l’abri des coépouses. », déclare Ramath.
D’une ethnie à une autre, le motif de l’utilisation de ce produit peut varier. La tête recouverte de voile, Haoua une mère de famille le confirme : « chez nous les Haoussas, nous ne pouvons pas faire un mariage sans du henné. Nous l’utilisons comme bain rituel préparatoire pour la jeune mariée pendant une semaine avant la nuit de noce. » Cela, poursuit-elle, rentre dans un processus de rendre la jeune mariée plus belle, élégante et lumineuse.
Selon les coutumes nigériennes, le henné par le passé marquait le passage d’étape chez la femme : passage de l’âge de petite fille à l’âge adulte. Par contre, aujourd’hui, le henné n’est plus seulement l’apanage des femmes mariées. Les jeunes femmes en quêtes de mariage et même de petites filles utilisent aussi régulièrement ces beaux dessins sur leurs mains et leurs pieds. Zalika jeune femme, célibataire, travaillant dans une entreprise confie : « j’utilise le henné pour me faire des tatouages des mains et de mon visage, cela me permet d’attirer l’attention des hommes autour de moi ».

Mais Farida, jeune étudiante de l’université de Niamey, quant à elle, n’applique pas le henné pour le même but. « Je fais le henné pour mon propre plaisir, il me permet d’affirmer ma féminité, parfois, si je ne me tatoue pas mes mains et mes pieds, j’ai l’impression d’être la plus moche de toutes ».
Il est aussi considéré comme un produit à valeur thérapeutique et de multiples vertus. Là-dessus, Zalika témoigne : « le henné guérit plusieurs maladies de la peau ou des petites blessures. Tout récemment un neveu était atteint de la variole et c’est du henné qu’on a utilisé pour le guérir ». Plusieurs familles ont affirmé que l’usage externe de ce produit peut entretenir les cheveux, soigner la maladie des ongles, les poux, les brûlures et certaines acnés.
Cette pratique assez présente au Niger a l’assentiment des experts en question des sciences de la vie. A en croire Ousseina, biologiste de l’université de Niamey « le henné fait partie de notre tradition nigérienne, il reflète notre identité culturelle en plus, c’est un composant naturel ». Elle profite pour attirer l’attention des femmes sur l’utilisation du produit importé avec lequel aujourd’hui beaucoup se tatouent. « Ce produit n’est pas sans conséquence néfaste, car il contient de l’acide » a-t-elle martelé.

Du point de vue religieuse, le henné est plus qu’un produit que l’on utilise pour se rendre belle. Pour la communauté musulmane, c’est une plante sacrée qui incarnerait nombreuses vertus et car le prophète Mohamed le leur aurait recommandé.
Aujourd’hui, le henné se révèle comme l’une des armes efficaces dans l’arsenal de séduction féminine au Niger comme dans les habitudes thérapeutiques et considérations religieuses. On est à même de se questionner s’agissant de l’origine même de cette plante.
Plante cultivée dans les régions tropicales et subtropicales de l’Afrique, en Asie, et en Australie, selon Wikipédia, le henné est originaire du sud de l’Iran et de la Mésopotamie et serait déjà introduit en Egypte à partir de la 20e dynastie pharaonique.
De son nom scientifique Lawsonia inermis, le henné est un arbuste épineux de la famille des Lythracées. Il mesure entre un (1) à deux (2) mètre de long ou plus, selon le milieu géographique dans lequel la plante grandit. Ses feuilles sont cueillies, séchées et pulvérisé en poudre et vendues. C’est à la poudre qu’on y ajoute un peu d’eau. Et ça y est, enfin prêt pour l’usage. Il permet d’avoir une teinture rouge orangé ou jaune selon la qualité.
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