Ils sont nombreux et remplis d’engouement. Le déroulé de la soirée le leur rendra. Le public de l’Institut français de Cotonou a répondu à l’invitation de la nuit blanche le samedi 7 octobre 2017. C’est la 5e édition de l’initiative dont le thème central cette année est « Faire œuvre commune et vivre ensemble ». Les créations et prestations s’y sont agréablement illustrées mais « Vivre en cendres ? », une création transdisciplinaire de Benoît Dagbert s’est particulièrement donnée des atouts pour émouvoir le public.

Performance, slam, danse contemporaine, performance encore et on parcourt l’enceinte de l’institut français. Pas de répit pour le public –qui ne se plaint pas- à cette soirée à l’institut français de Cotonou. Les tableaux de représentations s’enchaînent comme à toutes les nuits blanches auxquelles la maison a habitué depuis cinq ans. Il y a eu, entre autres, la prestation de la slameuse Harmonie Byll Catarya, celle de Carmélita Siwa en danse contemporaine, la performance de Benjamin Déguenonvo, de Sophie Négrier, Deen Eniola et Georges Aboutui avec des transitions de la platine assurées par DJ Roto. Mais il y a eu surtout le spectacle « vivre en cendres ?».

L’équipe de Benoît Dagbert avec la création « vivre en cendres ? » amène chaque spectateur à se poser des questions sur ses relations avec ses semblables, sur son rapport à la nature. Il s’agit d’un tableau de danse contemporaine déambulatoire présenté par deux danseurs accompagnés d’un rappeur. Du jardin vers le théâtre de verdure, un ruban d’interdiction de passage est posé. Devant le ruban, une danseuse en pleine performance et, juste derrière, le second danseur allongé. La première danse jusqu’à passer le ruban mais sans l’enjamber. Puis elle s’allonge près de l’homme. Tout ceci sur le flow ‘’rapologique’’ de Dove’ND. Le rappeur chante l’unité.

Deuxième tableau du même trio, les trois captivent encore l’attention du public avec danse et rap. Les spectateurs n’ont pas le temps de choisir leur préférence entre les deux disciplines proposées simultanément. Dove’ND le rappeur évolue « en hardcore » dans un débit plus rapide et le ton plus élevé, en même temps que les deux danseurs abordent des mouvements plus complexes mettant en exergue le contact. On peut y décoder par ailleurs, les agissements d’un personnage capitaliste qui se fout de la nature et qui sera rattrapée par cette dernière car se faisant, il se fout de ses enfants, de son prochain. La nature prend toujours sa revanche.

Nuit Blanche de l'institut Français

Impossible de détourner l’attention du public qui semble totalement dans le spectacle. Il se déplace d’un espace à l’autre au gré des acteurs qui le traînent avec consentement. Les trois acteurs finissent entrelacés par un fil. C’est la manière de Benoît Dagbert de représenter le lien obligatoire qui doit exister entre les humains eux-mêmes et entre les humains et la nature.  « Pour moi, il y a un rapport entre la destruction de l’autre et la destruction de la nature. Un rapport entre faire un pas vers l’autre et un pas vers la nature », confit-il. Dagbert pose peut-être, par ce spectacle, la question aux hommes de savoir s’ils veulent vivre en cendres (puisque la nature se révolte à travers le changement climatique, les catastrophes, etc.) ou vivre ensemble.

Par Eric AZANNEY

Journaliste critique, Ingénieur culturel. Fondateur du Groupe AWALE AFRIKI

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