
La pièce de théâtre « Suzy et Franck » était à l’affiche comme spectacle d’ouverture du Festival international de théâtre et de marionnette de Ouagadougou. Le public massivement mobilisé a pris d’assaut l’Espace culturel Gambidi, ce samedi 04 novembre pour savourer ce spectacle venu tout droit de la Belgique.
Docu-fiction théâtral, « Suzy et Franck est un récit de vie basé sur une histoire vraie. En 55 minutes, seul sur scène, Didier Poiteaux, concepteur, auteur, et interprète de la pièce, nous fait découvrir les difficultés que vivent les prisonniers, notamment ceux condamnés à la peine capitale aux Etats-Unis. Suzy une française vivant à Paris tombe amoureuse de Franck, un condamné à mort dans une prison du Texas et ils finissent par se marier. Il s’en suit dès lors une bataille dans laquelle elle tentera tout afin que la justice revoie la condamnation de son mari. Le jour de l’exécution, elle obtient enfin un sursis d’’exécution de la sentence, cependant jusqu’à ce jour, son amant attend toujours dans le couloir de la mort.
Dans une facilité et une sensualité, agrémentées de quelques grains d’humour, l’acteur nous parle de cette histoire découverte pendant ses recherches sur la peine de mort. Cependant, cette sensualité le trahit car consciemment ou inconsciemment, il met à nu les tares, les limites, la lenteur des systèmes judicaires (la justice humaine). Il montre ainsi que le condamné à mort vit un double traumatisme. Tout homme vit tout en sachant qu’il va mourir un jour, pourtant celui qui attend dans le couloir de la mort sait que tel jour on va l’exécuter, et comment cela se fera. Il vit en quelque sorte sa mort en étant tout de même vivant. « Didier tout en dévoilant sa propre quête d’humanité, nous renvoie à la nôtre », stipule Olivier Lennel, le metteur en scène dans une note écrite à l’occasion. Aussi « Suzy et Franck » amène t-il le spectateur à se poser des questions.
La disposition des chaises en demi-cercle sur la scène donne l’impression d’être à une soirée de conte ou le feu de bois est remplacé ici par la lumière de la régie, et avec comme conteur l’acteur. Cette proximité entre l’acteur et le public dans la mise en scène fait penser à un individu dévoilant les résultats de ses enquêtes à des amis.
En glissant donc dans la peau de Suzy, Didier Poiteaux tente de comprendre l’humain qui se cache derrière le condamné à mort. Comme dans un conte l’interprète laisse à tout un chacun le soin de tirer sa morale de l’histoire. Ce qui pourrait soulever un débat qui fait toujours couler beaucoup d’encres et de salives : « Ne faut-il pas abolir la peine de mort dans tous les systèmes juridiques du monde entier ? »
Par Maïmouna Guira
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