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Enseigner la vraie histoire de l’Afrique coloniale. Comprendre les non-dits de la colonisation et de l’esclavage. Visualiser les faces cachées de la religion importée et les différents réels problèmes qui minent le développement de l’Afrique post coloniale. C’est ce que propose en toile de fond «le leurre», un spectacle de théâtre, qui, dans sa représentation a donné des frissons le mercredi 16 mai 2018 au centre de Lobozounkpa(Atrokpocodji). C’est un texte de Ousmane Alédji mis en scène par Kocou Yémadjè et interprété par le comédien Alfred Fadonougbo.

De la thématique de la religion, en passant par celle de la colonisation, de la trahison, en venant aux thématiques du sous-développement de l’Afrique et de l’immigration clandestine, c’est à travers un monologue déambulatoire que le comédien Alfred Fadonougbo a tenu en haleine le public qui ne pouvait s’empêcher de rire. Humour, c’est le ton utilisé au début par le comédien pour critiquer les faces cachées de la religion importée de l’Occident. <<La religion est un bluff>>. A travers son message, la religion est juste inventée pour <<occuper les diplômés chômeurs>> et <<jamais un génie n’égalera celui qui a inventé la religion pour abrutir et abêtir les Africains>>. Ce n’est pas pour attiser  des ressentiments mais c’est pour rendre à l’histoire, la vérité a-t-il martelé. Les occidentaux ont pris les terres et ont acheté les matières premières avec un CFA dévalué, rappelle l’acteur.

L’histoire de l’Afrique coloniale a été mal racontée par les occidentaux

Les occidentaux ont toujours diabolisé les Africains. L’homme Noir est un non-civilisé. Il est un singe qui a connu la vraie civilisation grâce à l’homme Blanc. Il vendait son frère et l’esclavage existait avant l’arrivée du colon. <<C’est un mensonge !!!>>, a clamé le comédien dans son monologue. Pour lui, l’histoire de l’Afrique a été façonnée et mal racontée pour diverses raisons. Primo, tous les livres sur l’histoire de l’Afrique sont éditées en occident. Secondo, les grands professeurs africains en histoire sont des <<made in occident>>, fait-il remarquer. Du coup, aucun Dahoméen voire aucun Africain ne maitrise  sa vraie histoire. La vraie histoire ne s’enseigne nulle part dans les lycées, collèges, ou universités. Et si on ne rend pas la vérité à l’histoire, elle restera ainsi faussement racontée pour les siècles des siècles>>. « Amen », a répondu le public sans s’en rendre compte. La colère du comédien s’est décuplée. Il continue le monologue et fait le diagnostic des problèmes de l’Afrique post coloniale.

Photo : DR

Les Africains sur la table des accusés

L’acteur poursuit son monologue et fait le procès des Africains. Pour lui, les Africains constituent des bourreaux pour leurs propres frères. Ils vivent dans la duperie. Les plus faibles sont réduits au silence, à la peur sous les menaces des dirigeants. Les institutions africaines sont <<insignifiantes pour s’opposer aux décisions prises par l’Occident et imposées en Afrique>>. Les dirigeants africains musèlent les médias et assassinent les journalistes éveilleurs de conscience comme Norbert Zongo. Ils sont incapables de sauver leurs populations de la misère. Les désespérés pensent à l’Eldorado qui serait en occident. Ils y vont par immigration clandestine en laissant la terre nourricière. Les conséquences sont désastreuses.

Certains meurent en cours de chemin sur la mer, d’autres se retrouvent sans papiers. Ils deviennent en occident des éboueurs, des SDF, des sans-emploi. Ils se font vendre eux-mêmes, s’indigne l’acteur dans son monologue.  Ce spectacle est pour les esprits ayant une maturité à cause des thématiques sensibles abordées mais la mise en scène tient compte du jeune public pour les impacter assez tôt. Il sera représenté dans les collèges et universités pour sauver la génération montante, a déclaré le comédien très satisfait du plaisir partagé à son public.

Par Hervé Dossou FADONOUGBO

Journaliste critique, Ingénieur culturel. Fondateur du Groupe AWALE AFRIKI

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