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La liquidation de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) et celle de l’Office national pour la sécurité alimentaire (Onasa) divisent les députés au parlement. C’est le moins qu’on puisse dire au regard de la sortie médiatique de ce lundi 03 juillet 2017 du deuxième secrétaire parlementaire de la septième législature, l’honorable Dakpè Sossou qui dans ses propos liminaires invitait ses collègues députés impliqués dans le détournement de près de cent vingt-cinq (125) milliards de nos francs lors de leur gestion de la Sonapra à aller s’expliquer devant la justice. Pour l’ancien maire de la commune de Lokossa, seul le passage volontaire des mis en cause devant les tribunaux de droit commun après la demande volontaire de la levée de leur immunité parlementaire pourrait les laver de tout soupçon. Pour cet élu du peuple, une question d’honneur ne se résout ni travers les intoxications, ni à travers les justifications obscures sur les réseaux sociaux, ni à travers la prise d’assaut des chaînes de télévision et de radio, encore moins dans les rues. Seule la mise à disposition volontaire de soi au juge dès lors l’on ne se reproche rien, devrait être l’option de ses collègues députés indexés dans les affaires de détournement de fonds à la Sonapra et à l’Onasa.

Qu’il nous souvienne qu’à travers le Conseil des Ministres du mercredi 28 juin dernier, l’exécutif a présenté le compte rendu d’une mission d’audit organisationnel, technique et financier de la filière coton au Bénin  Campagnes 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016) et également celui de gestion de la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) et de la Centrale d’achats des Intrants Agricoles (CAIA). Au terme du relevé de ce conseil, le gouvernement donne les raisons qui l’ont poussé à liquider les deux institutions que sont la Sonapra et l’Onasa et à exiger  un audit sur la période allant de 2012 à 2016. Un audit qui révèle que près de 125 milliards de nos francs ont été dilapidés ou du moins sont partis en fumée. En d’autres termes, il ressort des conclusions des rapports d’audit présentés ce qui suit : la gestion de la filière coton, par le gouvernement précédent, a engendré sur les trois (3) campagnes 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016, une perte estimée à 125 milliards de FCFA ; de graves irrégularités ont été relevées dans la gestion de la filière coton au titre desdites campagnes, portant des préjudices importants à l’État.

Aussi faut-il remarquer qu’à travers une question orale adressée au gouvernement, le député Dakpè Sossou avait déjà exigé de l’exécutif un audit sur la gestion de ces deux sociétés durant les dix ans qu’a passé le président Boni Yayi à la tête de notre pays. Mais pour certains citoyens avertis du secteur agricole dans notre pays, l’audit de ces deux sociétés sur la période de 2012-2016 est un audit ciblé dès lors qu’avant cette période, le monopole dans le secteur était détenu par l’actuel Chef de l’Etat et ce n’est qu’à partir de 2012 qu’il a été écarté du circuit au lendemain de ses brouilles avec l’ancien homme fort de notre pays qu’était Boni Yayi ; lesquelles brouilles ont abouti à son départ en exil suite aux affaires du siècle dans notre pays que sont les tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement. La suite est connue de tous : parti en exil, dans la mal arrière de son véhicule, l’ancien ami intime de Boni  Yayi se trouve désormais à la tête de notre pays, depuis le 06 avril 2016  après sa brillante élection au face à son challenger, le candidat malheureux Lionel Zinsou fortement soutenu par l’Alliance Fcbe-Prd-RB lors des dernières présidentielles.

Revenant à la sortie médiatique du député Dakpè Sossou, certains hommes avertis du secteur agricole et visiblement ni partisans, ni neutres, estiment que si le gouvernement a ciblé la période d’audit de la Sonapra, c’est tout simplement parce que l’exécutif serait en train de se reprocher des choses sinon, il devrait écouter Dakpè Sossou et exigerait l’audit sur les dix années qu’a passées Boni à la tête de notre pays. Toujours pour ces hommes avertis, l’audit du gouvernement désavoue Dakpè Sossou et donne raison à ceux qui pensent que cet audit est un acharnement contre les opposants du pouvoir actuel.  Pour d’autres encore, Dakpè Sossou trainerait lui aussi de sales casseroles car celui qui a les pourpres dans ses yeux ne saurait demander à son prochain d’enlever les pailles des siens. En termes clairs, les députés indexés dans les affaires Sonapra-Onasa pensent qu’au lieu de leur faire la leçon, Dakpè Sossou devrait d’abord lui-même, au regard de l’adage qui dit : la charité bien ordonnée commence par soi-même, se mettre à la disposition de justice dans l’affaire des treillis et autres gilets par balles qui l’oppose à l’Etat béninois. Les députés indexés dans les affaires Sonapra et Onasa menacent d’ailleurs déjà d’adresser dans les jours à venir des questions orales à l’endroit de l’exécutif pour que la lumière soit faite sur cette ténébreuse affaire. Comme quoi, autant qu’ils sont, ils trainent tous de sales casseroles et « des cadavres dans leurs placards ». Il ne reste qu’au peuple de s’en indigner. Nous y reviendrons…

Par Roger AVOCEVOU

Journaliste critique, Ingénieur culturel. Fondateur du Groupe AWALE AFRIKI

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