
A l’Institut d’Education Motrice Christian Dabbadie à Lille, depuis mardi 5 novembre, une vingtaine d’enfants montrent leur joie de passer de bons moments. Les ateliers “Vivre ensemble c’est faire ensemble” sont en cours avec à l’animation l’artiste troubadour interdisciplinaire Alibeta. Et en attendant la restitution le 20 novembre au festival des solidarités, une ambiance agréable règne sur les lieux.
Deux groupes de dix enfants en situation de handicap dont un passe en matinée et l’autre en après-midi. Ils sont enthousiastes et montrent leur envie d’apprendre surtout aux côtés de ce formateur. “Moi c’est Léo et j’aime trop Alibeta”. Tom renchérit : “Je pourrai passer tout mon temps avec lui sans m’ennuyer”. Comme ces deux enfants, la vingtaine prenant part à cet atelier de théâtre en compagnie de l’artiste est contente de passer de si beaux moments.
Avec tout le charisme qui le caractérise, Alibeta assisté de Solange (une institutrice) dirige ses enfants à l’occupation scénique et au jeu d’acteur. C’est la mise en scène du conte Kaïdara d’Amadou Hampaté Bâ. Alibeta raconte et les enfants déroulent l’action. Ce travail d’équipe est une métaphore du vivre ensemble, le cœur même de ce projet avec l’I.E.M Dabbadie et autres partenaires :“Vivre ensemble, c’est faire ensemble”. Pour l’artiste, le bien fondé de ce projet est d’explorer le rôle de l’art dans le processus de thérapie, thérapie d’abord pour soi-même mais aussi pour les autres. “Moi en tant que Troubadour ça me permet de venir explorer la musique, le conte africain, le conte initiatique, face à des enfants en situation de handicap que moi j’appelle des Handi capables”, confie-t-il.

A l’en croire, ce projet lui tient à cœur d’autant plus qu’il cadre parfaitement avec son projet artistique qui évolue en trilogie, trois albums donc en trois actes. Le rythme, la parole et le symbole. Car dit-il, chez les Sérères, ce sont ces trois éléments qu’on utilise pour mettre en place un rituel. Alibeta présente son projet artistique comme un rituel qui peut participer à la guérison du monde. C’est un ensemble de métaphores dont le troisième volet trouve pleinement son sens pendant cette escale à Lille en France.
Pour moi, c’est important de réaliser que l’Afrique que nous représentons aujourd’hui a beaucoup de matière, de culture, de spiritualité, de pratiques et peut participer à la guérison du monde qui commence par la guérison de soi-même
Il en parle mieux lui-même. “Ce projet m’intéresse parce que la métaphore du handicap m’intéresse. Je suis convaincu que chacun d’entre nous a son handicap individuel mais aussi peut en faire une force et devenir handi capable. Et quand je réfléchis à la situation de l’Afrique, l’Afrique était peinte selon certaines institutions internationales comme un continent handicapé. Mais un handicap ça dépend de celui qui le vit et qui doit savoir si c’est un handicap ou pas.
Si j’accompagne ces enfants, je peux participer à leur faire découvrir le trésor caché en eux, comme dans le conte d’Amadou Hampaté Bâ où les enfants vont à la rencontre de Dieu et, sur la route, ils rencontrent énormément d’obstacles qu’ils doivent franchir pour se réaliser. J’ai trouvé que c’est une belle métaphore. Pour moi, c’est important de réaliser que l’Afrique que nous représentons aujourd’hui a beaucoup de matière, de culture, de spiritualité, de pratiques et peut participer à la guérison du monde qui commence par la guérison de soi-même. Et en tant que troubadour voyageur ou migrant en Europe, j’en déduis que les migrants apportent quelque chose. Ils viennent participer à la guérison d’une société en crise de lien. C’est un projet symbolique.”
Et pour voir ce que donne la symbolique d’un projet cuisiné à la sauce d’humanité et combiné à l’art, il faut être à Lille, précisément à la maison des enfants le mercredi 20 novembre 2019 dès 14 heures.
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