Cheikh MC réalise enfin son concert au stade de Moroni, après deux années et demie passées sans un grand évènement similaire aux Comores à cause du covid-19. Le rappeur en profite pour annoncer la date de sortie de son cinquième album.

A l’accoutumée, le pionnier du rap comorien, Cheikh MC, organise à chaque deuxième jour de l’Aïd un concert. Mais à cause de la pandémie covid-19, il a passé deux ans et demi sans aucune activité artistiquement similaire dans l’Union des Comores. Mais il a repris ses droits le 11 juillet 2022, au stade de Moroni en collaboration avec l’Alliance Française.

Pour ce concert, plusieurs jeunes rappeurs locaux ; Mossmo, Fokus, Gnax, Aydii et Bahata, sont sélectionnés par « Watwaniya production » pour assurer, avec Assam, Ibou Black, Norena et Faraz, la première partie de ce concert.

A 22h 45min, le Cheikh commence la deuxième partie avec une entrée qui attire l’attention du public. Les rappeurs sélectionnés se placent tous derrière la scène, s’alignant du côté cour à celui jardin avec une même gestuelle, poing levé et face au public. Et Tout à coup, le père du rap comorien les rejoint parallèlement avec le titre « Révolution » balancé par son Dj, Elassade.

Pourquoi ce titre au début ? L’artiste a choisi ce classique pour réveiller la conscience collective qui manque probablement de vivacité malgré les maux : gabegie, charlatanisme des hommes en blouse blanche, départ volté et massif, injustice, promesse de Gascon, prostitution, pédophilie etc.…, qui s’accumulent et s’emparent du pays. Ce titre fait prendre conscience à la jeunesse comorienne du désordre total, « Msadjaja », qui est aussi l’un des 20 classiques programmés pour ce soir-là par l’artiste.

Ayant constaté par lui-même l’absence d’une partie de son public, constitué majoritairement d’élèves et étudiants, le rappeur n’a pas laissé le coup d’émotions prendre le dessus en lui, et abandonné son répertoire. Au contraire, il a tout de suite su remonter la pente en exhibant bien sûr son talent, sa qualité professionnelle et ses meilleures attitudes à l’assistance.

Torse bombé de courage, le Cheikh a conjugué énergie et présence scénique très remarquables pour s’estimer vaillant et pouvoir assurer son show. En retour, ses inconditionnels lui transmettent encore plus de puissance grâce à leurs réceptivités. Ces gens-là répétaient en intégrale, titre par titre, les sons de l’artiste tout au long de sa prestation.

Trouver toujours des mots et expressions accrocheurs pour les inculquer dans le mental de ses fans est parmi les points forts du rappeur. A l’instar de « Hamwemweu » qui veut dire calmement. Un titre qui a ambiancé la foule. En gros, ce son appelle à la maitrise de soi. Il souligne qu’il faut savoir garder la tête froide même si la situation est rude. A l’exemple aussi du son  « Ndo manga », à l’étranger. Voulant exprimer la détermination des jeunes comoriens qui veulent à tout prix poser pieds au pays de Marianne, la France, quel que soit le prix à payer.

Il compose ce chef-d’œuvre rythmé à la base d’une tradition comorienne « shigoma » où il y superpose ses couplets de rap et donne quelque chose inouïe. C’est en quelque sorte une façon de s’identifier, de se démarquer des rappeurs nationaux et stimuler le Comorien à s’y retrouver grâce aux phases de ce texte et aux coups du tam-tam. Le public s’est énormément défoulé en écoutant, dansant et répétant cet opus.

L’auteur, compositeur et rappeur, Cheikh MC, annonce à mi-chemin de cet évènement culturel la sortie de son cinquième album « Idukiyo », le 29 juillet 2022. En honneur de cet évènement, il a exclusivement fait un morceau intitulé : « Mhaza », femme. Pour la première fois ce rappeur déclame un texte idyllique où il dévoue son tendre amour, à sa la fine fleur aux côtés de laquelle il est engagé. Les hauts et les bas, enfin leur vécu. Même si c’était un morceau inédit, le public a toujours prêter oreille à l’artiste.

« Il est vraiment hallucinant ce texte, fort heureusement je l’ai entendu de mes propres oreilles sinon je n’allais jamais croire que Cheikh MC a fait un texte d’amour dans ce concert. Les phrases sont à la fois limpides et profondes. On ressent que les émotions étaient aux maximum. En fait,  ceux sont des mots venant de ses entrailles. Je vous jure qu’il m’a laissé sans mots et, j’ai énormément adoré. », dixit en anonymat un spectateur.

Tenir deux heures sur scène, non-stop, avec tant d’énergie après deux ans et demi sans aucun évènement similaire aux Comores confirme combien le Cheikh est incontestablement une bête de scène.

Contributeur de magazine et slameur-comédien du collectif Art 2 la plume, Ahmed Abdou Ansoir a pris part au programme de formation des journalistes culturels pendant le Festival International Bangwé de l'Oralité

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